Accueil » Annecy 2017 : Les femmes de Ma Vie de Courgette et The Man Woman Case

Annecy 2017 : Les femmes de Ma Vie de Courgette et The Man Woman Case

LFA - Annecy 2017

Le lendemain du petit-déjeuner consacré aux femmes du secteur de l’animation en Chine (voir notre compte-rendu), les associations Women In Animation et Les Femmes s’Animent proposaient une autre rencontre intitulée « Regards d’artistes« .

Etaient invitées des membres des équipes de deux projets récents : 

– Le film en stop-motion Ma Vie de Courgette (France)

– Kim Keukeleire (Directrice d’Animation)
– Vanessa Riera et Christel Grandchamp (Cheffes Costumières)
– Marianne Chazelas (1ère Assistante Réalisateur)
– Cécile Milazzo (Cheffe peintre)
– Marina Rosset (Monteuse animatique)
– Armelle Glorennec (Productrice)

LFA - Annecy 2017
Christel Grandchamp, Armelle Glorennec et Marianne Chazelas

– La série The Man Woman Case

– Joëlle Oosterlinck (Ecriture)
– Anaïs Caura (Réalisatrice)
– Hélène Gendronneau (Productrice)

LFA - Annecy 2017
Hélène Gendronneau, Anaïs Caura et Joëlle Oosterlinck

L’équipe de Ma Vie de Courgette a entamé la présentation avec un rappel du contexte du projet : une équipe de 150 personnes, un objectif initial de fabriquer plus de 5 secondes d’animation par jour qui, en pratique, n’a pas été atteint.
L’équipe a employé des techniques diverses : l’impression 3D pour la tête des personnages a notamment permis d’intégrer des yeux mobiles, ce qui était très pratique pour l’animation. Les paupières, elles, étaient ajoutées avec un système d’aimants. Le corps des personnages reposait sur une armature flexible (et non pas une armature rigide articulée, comme c’est souvent le cas).

LFA - Annecy 2017
Vanessa Riera

Les intervenantes ont évoqué quelques défis de production, comme l’anatomie des personnages : la tête énorme par rapport au corps nécessitait de résoudre des questions d’échelle pour les props, et rendait complexe certaines actions comme le passage des portes.

LFA - Annecy 2017

The Man Woman Case, de son côté, est une série en 10 épisodes de 5 minutes, désormais tous visibles en ligne (à retrouver ci-dessous sous forme de playlist).
Un projet à très petit budget, comme en témoigne l’équipe réduite : 15 personnes environ, dont 2/3 de femmes. Sur le plan technique, le projet mêle les approches : TVPaint et rotoscopie.
Du côté du scénario, The Man Woman Case s’inspire de faits réels, avec des libertés importantes. La série se situe dans les années 20, en Australie, et aborde la question de la transidentité au travers de l’enquête autour d’un crime. L’utilisation de l’animation a d’ailleurs permis de faire écho au sujet, notamment en permettant un certain onirisme pour évoquer la dysphorie.

Après cette entrée en matière, les invitées sont revenues sur la place des femmes en animation.
Pour l’équipe de Ma Vie de Courgette, le milieu de la stop-motion en France est très mixte, au contraire de ce qui se voit dans l’animation 3D, mais aussi dans… La stop-motion en Grande-Bretagne, qui est un milieu très masculin.
Les cheffes costumières, Vanessa Riera et Christel Grandchamp, ont souligné que les stéréotypes de genre font que certains réalisateurs masculins sont manifestement peu à l’aise avec les costumes, et délèguent totalement cette partie du projet, en s’impliquant très peu.
L’importance du réseautage a été rappelé : très concrètement, travailler avec des connaissances rend une production plus efficace car chacun sait quelles sont les méthodes de travail des autres. Pour Ma Vie de Courgette, le réseau a été d’autant plus utile qu’un studio de stop-motion a été mis en place spécifiquement pour ce projet.

LFA - Annecy 2017
Vanessa Riera et Kim Keukeleire

L’objectif des associations Women In Animation et Les Femmes s’Animent, à savoir une parité du secteur de l’animation d’ici 2025, a ensuite été discuté. Les intervenantes ont évoqué la nécessité d’ouvrir certains métiers encore assez genrés, les mécanismes inconscients qui peuvent freiner une plus grande mixité. Elles ont par ailleurs rappelé qu’une plus grande mixité est un élément positif, qui nourrit les projets créatifs.
Des cas concrets ont aussi été soulevés : il est fréquent qu’une femme ayant un poste à responsabilités soit au premier abord prise pour une assistante et non une dirigeante, du fait de certains préjugés.

LFA - Annecy 2017

Enfin, les intervenantes ont élargi la discussion en soulignant le fait qu’une parité du secteur n’est pas la seule question importante : un autre problème est l’accessibilité égale aux postes à compétences égales, ce qui est loin d’être toujours le cas. Autre point, la lutte contre les inégalités de salaires, qui peut passer par l’utilisation de grilles salariales.

Les axes de progression sont donc multiples, avec selon les cas un travail de fond à mener, ou des mesures simples et concrètes pour faire évoluer la situation.

LFA - Annecy 2017

Chargement....

A Lire également