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Pacte anticoncurrence : après Lucasfilm et Pixar, Disney et DreamWorks concernés ?

Cartel

Pando.com a publié de nouvelles révélations dans l’affaire du pace anticoncurrence entre de grands noms de l’animation et des nouvelles technologies. En plus de Pixar et Lucasfilm, DreamWorks Animation et Disney seraient également directement impliqués dans l’affaire.

Rappel des faits

Nous avions à plusieurs reprises évoqué sur 3DVF la mise au jour d’un pacte anticoncurrence entre plusieurs grands noms des nouvelles technologies : Apple, Google, Adobe étaient notamment concernés.
Un des objectifs du pacte, totalement illégal au regard de la loi américaine, était de maintenir les salaires à un niveau artificiellement bas, notamment en évitant de faire des enchères sur un candidat au recrutement, mais aussi en s’interdisant de débaucher les employés des autres sociétés du pacte.
Les documents mis au jour par le Département de la Justice des Etats-Unis (notamment des e-mails entre dirigeants tels que Steve Jobs et Eric Schmidt) avait également montré l’implication de Lucasfilm et Pixar.

Le sytème illégal avait été progressivement mis en place dès 2004-2005 au moins pour certaines des sociétés, et avait fait l’objet d’un rapport du Département de la Justice des Etats-Unis en 2010, mis à jour par la presse en 2012.

Une class action (recours juridique collectif) d’employés avait ensuite été lancée pour obtenir compensation du maintien des salaires à un niveau artificiellement bas. La période 2006-2009 était concernée.
Un accord avait été trouvé en avril dernier : Apple, Google, Intel et Adobe allaient verser 324 millions de dollars aux employés lésés qui s’étaient retournés contre les sociétés.
Cet accord devait ensuite être validé judiciairement : la juge Lucy Koh, censée l’approuver, a néanmoins mis sa décision en suspens le 19 juin. La raison ? Elle souligne que les avocats des plaignants ont accepté une offre ridiculement faible au regard des 3 milliards de dollars initialement réclamés. Les avocats, en retour, ont précisé qu’ils craignaient qu’un procès débouche sur un non-lieu, et donc une compensation nulle.

DreamWorks Animation et Disney également impliqués ?

Nouveau rebondissement ces derniers jours : le site Pando.com a publié un article documenté sur l’affaire, qui pourrait s’étendre plus loin que prévu.
En effet, si l’implication de Lucasfilm et Pixar avait déjà été établie, Pando.com accuse d’autres sociétés :

DreamWorks Animation pourrait être concerné par le pacte interdisant de recruter les employés des autres sociétés. Un e-mail envoyé par Ed Catmull à Steve Jobs expliquait ainsi :

Nous [Pixar, NDLR] n’avons pas d’accord avec Sony. Nous en avons mis un en place avec ILM et DreamWorks qui a plutôt bien fonctionné.

L’échange remonte à 2004, avant le rachat de Pixar par Disney.
Dans le même échange cité par Panda.com, Catmull indique qu’il compte rencontrer les dirigeants de Sony (l’e-mail ne précise pas s’il s’agit de Sony Pictures ImageWorks, Sony Pictures Animation ou Sony Pictures) pour obtenir un accord.

Disney serait également impliqué. En effet, dans un autre e-mail datant de 2007, après le rachat de Pixar par Disney, Ed Catmull évoque à nouveau le pacte entre Pixar, ILM, DreamWorks et « quelques studios plus petits ». Ed Catmull se plaint de l’attitude d’ImageMovers, le studio de Robert Zemeckis, qui embauchait des employés d’autres sociétés avec une augmentation.
Problème : à cette époque, Ed Catmull faisait partie de l’exécutif Disney, et le destinataire est Dick Cook, Chairman de Disney. Le document implique donc directement Disney, et pas seulement ses filiales Pixar et Lucasfilm/ILM.

D’autres documents incriminent un peu plus Ed Catmull et DreamWorks. Ainsi, lors de sa déposition en 2013, Catmull explique clairement que l’objectif était de ne pas faire grimper les salaires, de les maintenir à un niveau artificiellement bas pour éviter de rogner sur les marges « quasi non-existantes » (selon ses termes) de l’industrie.
L’avocat d’Ed Catmull avait alors immédiatement demandé une pause.

Dans un autre extrait de sa déposition, Catmull se fait plus flou : au lieu de confirmer le fait que DreamWorks Animation était concerné, il explique qu’il pensait à l’époque que Steve Jobs avait discuté avec DreamWorks Animation (et donc, on l’imagine, avec Jeffrey Katzenberg) et qu’il « croyait » qu’un accord était en place avec ce studio.
Ces propos nébuleux ne confirment donc plus l’implication de DreamWorks Animation, et implique (peut-être un peu trop opportunément, selon Pando.com) le défunt Steve Jobs.

Un rappellera au passage qu’Ed Catmull a publié fin 2013 Creativity, Inc, un livre qui revient sur ses méthodes de management et la gestion des employés au sein de Pixar. L’ouvrage passe évidemment sous silence le cartel anticoncurrence.

Notons enfin que Pando.com souligne que Jeffrey Katzenberg a fortement soutenu financièrement la campagne de Barack Obama. Le site sous-entend que cet élément aurait pu jouer en faveur de DreamWorks Animation dans l’affaire, mais n’apporte pas de preuve concrète.

De nouveaux éléments à venir

L’article se conclut avec l’annonce de futures révélations par Pando.com :
– L’implication de George Lucas dans l’affaire (rappelons qu’il a vendu Lucasfilm à Disney en 2012) ; selon Pando.com, le succès de Lucasfilm est précisément lié à l’accord illégal entre les studios.
– Des informations sur le déroulement de la rencontre entre Ed Catmull et des représentants de Sony. Pando.com prévient que « tout ne s’est pas passé comme prévu », ce qui laisse penser que Sony a refusé l’offre.

Pando.com a contacté Disney, Pixar, Dreamworks Animation et le Département de la Justice des Etats-Unis avant la publication de son article. Le site précise que seuls ces deux derniers ont répondu, mais n’ont pas commenté les révélations.

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